Vaccination : trois prix Nobel strasbourgeois montrent l’exemple
18/01/2021
Dans le cadre de l’ouverture de la vaccination aux Français de plus de 75 ans, trois prix Nobel strasbourgeois (Unistra /CNRS) et quatre prix Nobel parisiens s’engagent pour la promouvoir en allant se faire vacciner ce lundi 18 janvier.
Nouvel hôpital civil de Strasbourg (NHC), il est 10h45, Jean-Pierre Sauvage, Jean-Marie Lehn et Jules Hoffmann arrivent dans le hall où ils sont accueillis par Michaël Galy, directeur général des Hôpitaux universitaire de Strasbourg et Emmanuel Andrès, président de la commission médicale d’établissement des Hus. Direction le 5e étage, où un espace est dédié à la vaccination depuis une quinzaine de jours, pour se faire administrer le vaccin à ARN messager développé par le laboratoire Pfizer. Le NHC compte en effet parmi les trois sites de vaccination strasbourgeois.
« Vous pouvez vous installer, on vous envoie une infirmière », lance à Jules Hoffmann un des médecins après avoir recueilli son questionnaire de santé et pris sa carte vitale. « Si toutes les réponses sont négatives, ils peuvent se faire vacciner. » Vient ensuite le tour de Jean-Pierre Sauvage qui avoue n’avoir rien senti. « Quand j’ai demandé, vous y allez ? L’infirmière m’a répondu que c’était déjà fini », sourit le Nobel qui part ensuite prendre rendez-vous pour une seconde injection, environ trois semaines plus tard. Pendant ce temps, Jean-Marie Lehn qui a également reçu son vaccin est envoyé dans l’espace dédié à la surveillance pour 15 minutes.
« Une possibilité de sortie du tunnel »
Place ensuite au point presse, l’occasion d’évoquer sur le chemin les réticences des français face à la vaccination. « Louis Pasteur doit se retourner dans sa tombe », glisse Emmanuel Andrès. Mais au fait pourquoi se faire vacciner ? « C’est évident ! C’est la seule chose que nous avons pour obtenir un bon résultat », rétorque Jean-Marie Lehn. « Il n’y a pas de médicaments. Nous ne sommes pas dans le cadre d’une bactérie où des antibiotiques permettent d’arrêter la propagation. Nous avons donc deux solutions : bloquer la transmission par effet barrière et empêcher le virus d’entrer dans la cellule ce qui peut se faire grâce à un vaccin », ajoute Jules Hoffmann qui rappelle que depuis son introduction au début du 20e siècle, la vaccination a sauvé plus d’un milliard de vies.
« C’est fantastique ce qui a été fait », poursuit Jean-Marie Lehn évoquant la rapidité d’élaboration du vaccin, due notamment aux moyens alloués par le gouvernement mais aussi à une recherche bien avancée en la matière. Dans les années 2000 déjà, Katalin Karikó, chercheuse hongroise en poste aux Etats-Unis, avait publié un article sur l’ARN messager avec l’immunologiste Drew Weissman.
« La chercheuse avait remplacé un groupe chimique dans la molécule de mARN ce qui a augmenté sa stabilité et diminué les risques d’inflammation. C’est ce qui a rendu possible la mise au point en un temps record de ce nouveau type de vaccin », complète le Nobel qui précise qu’à ses débuts cette recherche n’avait pas été financée ni soutenue. « Les vaccins fondés sur l’ARN de l’agresseur sont aujourd’hui très bien contrôlés », ajoute Jean-Pierre Sauvage. Rejoint par Jules Hoffmann qui évoque « une possibilité de sortie du tunnel. »
Marion Riegert
- Pour aller plus loin lire aussi notre communiqué de presse et notre article « ARN et Covid-19, les mécanismes du virus passés à la loupe. »