Une maladie rare permet de lutter contre le diabète de type 2
16/11/2020
En étudiant le syndrome d’Alström, des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Strasbourg ont pu identifier une nouvelle cible thérapeutique contre le diabète de type 2. Fortement soutenue par Conectus*, la recherche devrait entrer en phase clinique d’ici le deuxième trimestre 2021.
« La publication dans la revue Diabetes, c’est le bout de l’iceberg », sourit Vincent Marion, chercheur au Laboratoire de génétique médicale qui collabore pour cette recherche avec différents laboratoires européens. « Environ 80% des sujets obèses développent un diabète de type 2, mais les raisons de cette association ne sont pas encore clairement établies », explique le chercheur qui s’est intéressé aux mécanismes cellulaires à l’œuvre dans le syndrome d’Alström, une pathologie qui entraine justement obésité et diabète.
La maladie est provoquée par des mutations du gène ALMS1 codant une protéine. L’équipe découvre que des anomalies du tissu adipeux causées par la perte de fonction d’ALMS1 entrainent un diabète de type 2 chez les personnes atteintes du syndrome d’Alström. Chez l’animal, restaurer la fonction de cette protéine rétablit l’équilibre glycémique. « En identifiant et en utilisant une molécule capable de cibler cette protéine ALMS1 dans le tissu adipeux chez des sujets atteints de diabète de type 2, l’espoir est d’améliorer le contrôle du diabète, indépendamment du taux d’insuline circulant chez ces personnes. »
Des essais cliniques aux Etats-Unis
Pour ce faire, une société est créée en 2017 dans laquelle un outil thérapeutique est développé à travers un peptide appelé PATAS. Ce dernier est présenté au congrès annuel de la société américaine du diabètes (ADA) en 2019 dans la catégorie « Thérapeutics ». Des tests concluant sont réalisés in vitro et in vivo. PATAS cible la protéine ALMS1 dans la cellule du gras des sujets atteints de diabète de type 2, restaurant ainsi l’utilisation du glucose dans la cellule ce qui permet d’améliorer le contrôle du diabète. « Nous avons utilisé une maladie rare pour identifier le mécanisme. Mais la découverte n’est pas utilisable dans la maladie elle-même car la protéine y est mutée », note le chercheur.
Pour passer aux essais cliniques, Vincent Marion va à la rencontre de laboratoires américains. En septembre, il réalise un entretien préliminaire auprès de la Food and drug agency (FDA), équivalent de l’Agence européenne des médicaments, réputée pour son exigence. « La FDA nous a donné un retour très positif sur le programme. Les essais vont être réalisés avec une société spécialisée aux US sur des sujets atteints de diabète de type 2, obèses ou non. »
Marion Riegert
*Société d’accélération du transfert de technologies