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Du confinement au déconfinement, quelles conséquences sur le travail ?

09/06/2020

[Série] Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19 : travail. Mesures sociales pour faire face à l’épidémie, questions de santé, déconfinement… L’équipe de l’Institut du travail s’est mobilisée pour analyser les conséquences de la pandémie sur le marché du travail, les entreprises et les salariés. Décryptage avec Nicolas Moizard, juriste, et Michèle Forté, économiste.

Nicolas Moizard et Michèle Forté sont
chercheurs à l'Institut du travail.
Photo DR

De nouveaux accord collectifs dans les entreprises

En raison de la crise sanitaire, des dispositifs d’urgence ont été adoptés par les pouvoirs publics. « Ils comportent un aspect protecteur avec le maintien du droit au chômage ou l’activité partielle », souligne Nicolas Moizard évoquant également des aspects négatifs. « De nouvelles dérogations sont apparues avec l’obligation de prendre des jours de repos durant le confinement. Les entreprises jugées stratégiques ont la possibilité d’imposer une augmentation de la durée du travail jusqu’à 60 heures par semaine avec une réduction du repos quotidien à 9h consécutives. » Autre nouveauté : Au sein du comité social et économique présent dans les entreprises. « Une ordonnance du mois de mars permet de réduire les délais de consultation : les élus n’ont que 8 jours pour examiner des dossiers parfois complexes. Les employeurs ont aussi la possibilité de consulter les élus après décision. Le risque étant que toutes ces mesures dites provisoires soient pérennisées. » Ces mesures législatives s’accompagnent de nouveaux accords collectifs signés entre syndicats et employeurs dans les entreprises qui touchent à la fois à l’organisation de la production, au temps de travail et à la santé et la sécurité. Des accords d’un nouveau type souvent prévus pour s’appliquer durant 2 ou 3 mois.

Le chômage partiel

Suite à la crise, le dispositif d’activité partielle a été modifié, sa mise en place accélérée et la liste des personnes éligibles élargie. « Un tiers des salariés auraient été en chômage partiel, soit plus de 8 millions de personnes. Il y a eu des fraudes et certains salariés ont travaillé tout en étant pris en charge par l’Etat », explique Michèle Forté qui précise que l’allocation versée à l’employeur par l’Etat n’est plus forfaitaire mais proportionnelle au salaire. Elle couvre 70% de la rémunération brute du salarié, dans la limite de 4,5 SMIC. « Pendant le confinement, l’indemnité versée au salarié était prise en charge à 100% par l’Etat et l’Unedic. Depuis le 1er juin, il y a un reste à charge de 15% pour les entreprises sauf dans certains secteurs (culture, restauration, tourisme …). Pour le moment, très peu de licenciements ont été observés mais nous craignons une vague une fois le dispositif d’activité partielle achevé », note la chercheuse. « On voit que les organisations patronales demandent le maintien de l’activité partielle », ajoute Nicolas Moizard.

Reprise, la sécurité des salariés dans le viseur

A l’heure du déconfinement, seules 40% des entreprises anticipent un retour à la normale. Le télétravail qui concerne 25% des personnes en emploi, contre 3% avant la crise, ne peut pas s’appliquer à tous les secteurs. Manque de contact avec les autres salariés, sécurité informatique, utilisation du matériel personnel… il pose différents problèmes. « Il faudrait d’ailleurs plutôt parler de travail à distance plutôt que de télétravail qui est un dispositif juridiquement encadré », souligne Michèle Forté. Côté présentiel, « Les éléments pesant sur la reprise sont la sécurité des salariés et la responsabilité de l’employeur. Certaines craignent une contestation des mesures mises en place en cas de contamination d’un de leurs employés. Est-ce qu’un salarié atteint de la Covid-19 pourra bénéficier des risques professionnels ? », s’interroge Nicolas Moizard évoquant également la problématique du secret médical. Masques, plexiglas… La question de l’approvisionnement en matériel de protection se pose également avec bien souvent des lieux de travail, notamment en open space, qui ne sont pas adaptés. « Les entreprises gèrent l’incertitude et découvrent au fur et à mesure des problèmes qu’elles n’imaginaient pas ou qui ne s’étaient jamais présentés et tout peut changer rapidement », conclut le chercheur.

Marion Riegert

Lettre dialogue social et webinars

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Une des missions de l’Institut du travail est de rendre l’information produite dans ce domaine accessible au plus grand nombre. Pour ce faire, depuis 2005, la Lettre dialogue social, rédigée par l’ensemble de l’équipe de l’Institut, a été mise en place. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une convention avec la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) Grand Est et comprend également un site internet dialogue-social.fr. Mesures sociales pour faire face à l’épidémie, santé au travail, Accord Covid, déconfinement…. Différents numéros sont actuellement consacrés à la crise sanitaire durant laquelle beaucoup de textes ont été produits. Par ailleurs, des webinars, les Nouveaux RDV du dialogue social, sont actuellement organisés dans le cadre d’une autre convention avec la Direccte en lieu et place des demi-journées d’informations et d’échanges organisées à l’échelon de la région Grand Est.

Regards croisés de chercheurs sur la Covid-19

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Psychologie, éthique, économie, histoire, virologie… nous sommes partis à la rencontre de chercheurs de différents domaines de l’Université de Strasbourg pour apporter un éclairage sur la crise du coronavirus.