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Un ERC advanced grant pour étudier la composition de notre galaxie

17/04/2019

Rodrigo Ibata compte parmi les deux lauréats alsaciens ayant reçu un ERC (European research council) advanced grant 2018. La bourse de 2,5 millions d’euros va lui permettre de mener un projet sur 5 ans autour du champ d’accélération de notre galaxie.

Les étoiles des différents courants sont représentées par des symboles dont la couleur caractérise le mouvement propre en latitude galactique. Crédit R.Ibata

Depuis 2013, le satellite Gaia de l’Agence spatiale européenne cartographie le ciel. Les images produites permettent notamment d’observer quelque deux milliards d’étoiles. « Parmi elles, certaines proviennent de structures qui se sont déchirées en entrant en interaction avec d’autres galaxies en raison de la force des marées cosmiques », explique Rodrigo Ibata, chercheur à l’Observatoire astronomique de Strasbourg, qui a obtenu un ERC advanced grant pour son projet GREATDIGINTHESKY (Accelerating Galactic Archaeology).

Le chercheur et son équipe s’intéressent plus particulièrement à une trentaine de ces structures entrées en collision avec la Voie lactée laissant des trainées de milliers d’étoiles qui, au fil du temps, continuent à tourner autour d’elle. « La plupart viennent d’amas globulaires d’1 million de masse solaire. Une taille plutôt petite, plus intéressante pour nous que les accrétions, autrement dit les agglomérations de matière, massives, moins propres et plus compliquées à modéliser. »

« Ce que nous voyons ne représente que 10% de la matière de notre galaxie »

La mesure des trajectoires de ces courants d’étoiles permet d’évaluer pour la première fois le champ d’accélération de notre galaxie et ainsi obtenir des informations supplémentaires sur la gravité mais aussi sa composition. « Nous savons que ce que nous voyons pour l’instant ne représente en réalité que 10% de la matière de notre galaxie, le reste demeure inconnu. »

Etoiles de la structure de Fimbulthul. La
position actuelle d'Omega du Centaure
est indiquée, ainsi que sa trajectoire supposée.
Crédit R.Ibata et TRAPPIST/E. Jehin/ESO

Pour son étude, le chercheur a créé un logiciel permettant de distinguer les courants les uns des autres en fonction de leur vitesse. « Le problème, c’est qu’on a trop de candidats. Nous allons utiliser la modélisation pour créer des modèles dynamiques de ces structures. Nous souhaitons également profiter de télescopes terrestres pour tenter de les classifier, sans oublier d’essayer de comprendre d’où elles viennent. »

Une publication dans Nature Astronomy

L'algorithme a déjà permis de mettre en évidence un courant d’étoiles qui ont vraisemblablement été arrachées à l’amas globulaire Oméga du Centaure par la Voie lactée, une découverte qui a fait l'objet d'une publication dans Nature Astronomy le 22 avril 2019.

L’ERC de 2,5 million d’euros sur 5 ans va permettre à l’équipe d’être plus compétitive au niveau international. « Nous allons pouvoir embaucher des post-doctorants, et travailler à essayer de comprendre la nature de la matière invisible de notre galaxie. »

Marion Riegert

Un ERC advanced grant pour Paolo Samori

Important information

Autre lauréat ERC advanced grant 2018 : Paolo Samori, directeur de l'Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires (ISIS, CNRS/Unistra), pour son projet SUPRA2DMAT. Supramolecular engineering of multifunctional systems and devices : the molecular approach to 2D materials.

Pour en savoir plus sur les recherches de Paolo Samori :
"Des transistors électroluminescents activés par des stimuli optiques"
"Pleins feux sur les cristaux moléculaires pour l’électronique organique"

 

Documents

Créé en 2007, le Conseil européen de la recherche a permis de financer près de 7 000 projets en dix ans, après une sélection drastique qui ne retient que 11% des projets candidats. L’objectif de l’Union européenne, qui souhaitait accroître le dynamisme et la créativité de la recherche européenne et développer par son biais une recherche « plus audacieuse », est atteint. Chaque année, l’ERC attribue quatre types de bourses de recherche individuelles pour une durée de 5 ans (sauf les Proof of concept). Avec des montants allant de 1,5 à 3,5 millions d'euros par chercheur.

Retrouvez les 36 lauréats ERC encore présents à l'Université de Strasbourg.