Une thèse qui fait rimer recherche et entreprise
22/10/2018
Après un master à l’Ecole de management de Strasbourg, Sophie Raedersdorf est embauchée chez PricewaterhouseCoopers (PwC) en tant qu’auditrice financière. Ayant apprécié ses recherches universitaires, la jeune femme décide de se lancer dans une thèse cifre qui lui permet d’allier son univers professionnel au monde de la recherche.
Depuis trois ans, Sophie Raedersdorf, doctorante au sein du Bureau d'économie théorique et appliquée, étudie « le pilotage des processus d’innovation ». La jeune chercheuse profite du dispositif cifre durant deux ans au sein de l’entreprise PwC qui propose notamment des missions d’audit et de commissariat aux comptes, avant de saisir une opportunité d’emploi au sein des fonctions finances de la Fondation protestante Sonnenhof. Cette dernière accueille des personnes déficientes intellectuelles ou polyhandicapées, ainsi que des personnes âgées dépendantes. Ce changement d’emploi a mis fin au dispositif cifre mais ne l’a pas empêchée de poursuivre sa thèse.
« Beaucoup d’organisations se posent des questions sur les nouveaux projets : quels outils de contrôle, de pilotage mettre en œuvre pour laisser une place à la créativité tout en garantissant le contrôle des coûts et l’avancée du projet ? », explique Sophie Raedersdorf qui souhaite à travers cette thèse pouvoir donner des préconisations aux entreprises. Pour ses recherches, la doctorante réalise des entretiens dans 14 sociétés, puis des études de cas plus approfondies dans trois entreprises. « Au début, je voulais mettre en évidence que les outils utilisés variaient en fonction de la taille de la société ou du type d’innovation mais suite aux résultats obtenus, via un questionnaire envoyé à 190 organisations, je me suis rendue compte qu’il y avait très peu de différences. »
Des outils créés en interne
Sophie Raedersdorf observe que les organisations souhaitent souvent borner les innovations au niveau financier. Leurs objectifs sont principalement de suivre l’évolution des projets, leurs coûts et arbitrer sur leur continuité. « Plus on avance dans les projets, plus les outils deviennent formels ». Pouvant aller de simples discussions autour de la machine à café à des réunions journalières, hebdomadaires ou trimestrielles. « Souvent, ce sont aussi des outils créés en interne comme un tableau de bord de suivi. »
Partant du constat que certaines équipes n’utilisent pas les outils proposés par la direction générale ou les considèrent inadaptés, la doctorante tente de définir quels moments de l’innovation et quels types d’outils sont les plus pertinents pour tous les membres de l’organisation.
Pro en... Management
Toujours dans l’optique de faire rimer recherche et entreprise, la doctorante s’est lancée dans la rédaction d’un ouvrage avec son directeur de thèse Thierry Burger-Helmchen. « Je me suis notamment servie des entretiens menés dans le cadre de ma thèse et de mon expérience en audit où l’on va à la rencontre de tous les métiers. » Sorti le 2 octobre 2018, l’ouvrage intitulé « Pro en... Management » fournit des outils aux managers, 70 au total, détaillés à travers une double page chacun, et 16 actions métier. « Il y a par exemple l’analyse Swot. Nous expliquons ce que c’est, son intérêt, les pièges à éviter… »
Côté projets, la jeune femme a décidé de soutenir la fondation pour laquelle elle travaille en se lançant avec deux collègues dans un raid solidaire, le Raid amazones. Trail, course, kayak et tir à l’arc sont au menu de ce défi sportif où la sueur sera son moteur.
Marion Riegert
Le dispositif cifre en bref
Important information
Le dispositif cifre (conventions industrielles de formation par la recherche) permet à l'entreprise de bénéficier d'une aide financière pour recruter un jeune doctorant en CDD ou en CDI dont les travaux de recherche, encadrés par un laboratoire public de recherche, conduiront à la soutenance d'une thèse. Pour ce faire, l’entreprise reçoit pendant 3 ans de l'Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT), au nom de l'Etat, une subvention annuelle de 14 000 euros. « Pour ma part, j’avais 10 semaines par an à consacrer à ma thèse que je répartissais de mai à septembre lorsque les activités d’audit étaient plus calmes. »