Dans les couloirs de l’Insectarium
L’inauguration de l’Insectarium, le lundi 1er octobre 2018 à 11h, a permis aux curieux de visiter ce nouveau bâtiment, annexe de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire, qui deviendra totalement inaccessible au public une fois ses portes refermées.
Pendant que certains profitent du buffet, d’autres convives visitent l’annexe flambant neuve de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (IBMC) qui accueille l’Insectarium. Relié au bâtiment historique par un parvis, il regroupe un insectarium et une animalerie et est consacré à l’étude et à la compréhension des maladies transmises par le moustique.
Huit salles d’élevage
Après s’être vêtu de petits chaussons, d’une charlotte et d’une blouse blanche du plus bel effet, le petit groupe de visiteurs entre dans un sas froid, ultime barrière pour empêcher les moustiques de sortir. « Commençons par le cœur palpitant de l’Insectarium, l’élevage de moustiques », explique notre guide du jour, Eric Marois, chercheur Inserm à l’IBMC dont le rôle est de développer l’outil transgénèse1 chez les moustiques. Dans une des huit salles d’élevage, il nous montre les différents stades de développement du moustique avec sous nos yeux, « l’ennemi public numéro 1 » Anopheles gambiae, vecteur du paludisme.
Au fond, se trouve la partie dédiée aux moustiques génétiquement modifiés. « Nous avons une soixantaine de transgènes différents et 30 lignées. Ces modifications génétiques nous aident à mieux comprendre l’interaction vecteur / pathogène. Nous pouvons aussi envisager d‘enlever aux moustiques ce qui les rend sensibles aux parasites ou de les rendre résistants à ces mêmes parasites. » Place ensuite à une zone blanche immaculée, classée P3, le plus haut niveau de sécurité dans l’Insectarium. Equipée d’un système de dépression, seuls les détenteurs de badges spéciaux pourront y accéder. « C’est là que les moustiques seront infectés. A partir de ce moment, ils ne sortiront que morts avec les déchets. »
Des moustiques fluorescents
La visite se poursuit par la pièce d’expérimentations où un cytomètre de flux permet d’isoler certains moustiques des autres, selon les besoins du chercheur, comme ce jour-là les moustiques transgéniques. Bleu, jaune, vert, rouge, ces derniers sont caractérisés par leur fluorescence avec pour chaque marqueur une couleur, pratique pour les identifier. Après un nouveau passage par le sas et sous un rideau d’air froid, Ludivine Ramolu, ingénieur d’études CNRS prend le relai pour nous mener dans le local technique où se cachent un générateur de secours mais aussi le local plomberie.
Sans oublier un plafond sur lequel il est possible de marcher. Situé au-dessus du niveau P3, il permet notamment de changer les lampes de cette zone sans y entrer, dans la limite d’une personne pour 1 m2. « Pour des raisons de sécurité, nous avons également deux moteurs d’extraction pour cette zone.» Les Strasbourgeois peuvent dormir sur leurs deux oreilles…
Marion Riegert
1 Technique qui permet d'introduire un gène étranger, ou transgène, dans le génome d'une cellule. Un organisme transgénique est un organisme qui possède dans son génome un ou plusieurs transgènes.
- Pour aller plus loin lire aussi "L’Insectarium, des moustiques et des hommes"
En bref
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L’IBMC héberge trois unités du CNRS regroupant plus de 230 scientifiques, dont Jules Hoffmann, Prix Nobel 2011 de médecine ou physiologie. Les chercheurs de l’Institut étudient le contrôle des infections, de la molécule à l’organisme vivant. Leurs domaines d’expertises portent sur l’immunité innée chez les insectes, les relations structure-fonction de l’ARN et les pathologies en lien avec le système immunitaire telles que les maladies auto-immunes.
L’Insectarium permettra de travailler sur les moustiques infectés avec des pathogènes humains pour comprendre comment ils interagissent et tester de nouveaux moyens de lutte. En effet, les moustiques sont vecteurs de pathologies humaines parasitaires ou virales. A travers le monde, l’impact de ces maladies est très important, par le coût humain engendré (750 000 décès par an) mais aussi au niveau économique (estimé à 7 Mds d’€ par an).